Notre société est tétanisée par l’angoisse. Le principe de précaution qui est inscrit dans notre constitution en est la traduction. Aujourd’hui le sage est celui qui ne prend pas de risque quand autrefois agir ainsi relevait de la couardise. Poser comme idéal le risque zéro est un leurre et stigmatise de facto le risque perçu comme une menace limitante et non comme une opportunité pour évoluer.
Aujourd’hui par prudence on évite les situations qui présentent un risque mais en agissant ainsi on confond possibilité et probabilité.
Nous suivons des procédures complexes pour se conformer à des règles afin d’être efficace et l’objectif devient de suivre la procédure sans s’interroger sur sa fonction, son sens : sans réfléchir. Nous devenons des automates et perdons ainsi notre sens critique et notre capacité de réfléchir.
Le bonheur est normé et s’appuie sur l’idée d’un bien être permanent atteignable alors que notre existence est parsemée d’épreuves douloureuses, notre état émotionnel fluctue en permanence, nos désirs changent sans cesse. Le bonheur devient un consommable alors qu’il est immatériel.
J. de Funès dresse ici un tableau sévère et critique de notre société pour nous alerter sur ses dérives qui limitent notre spontanéité et notre créativité et mettent à bas notre sens des responsabilités.