L’intestin, notre second cerveau ? Pr. G. Perlemuter

Plus récemment, des études ont suggéré qu’en plus de ses fonctions métaboliques et immunitaires, le microbiote intestinal prendrait également part à la communication entre l’intestin et le cerveau et influencerait le fonctionnement cérébral. Et aujourd’hui, les chercheurs se penchent sur les liens possibles entre un déséquilibre du microbiote intestinal et certains troubles psychiques : stress, dépression mais aussi maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer…). Que dévoilent concrètement les dernières études scientifiques ? Quels espoirs pour la prévention et la santé à long terme ?

L’intestin et le cerveau sont étroitement connectés. Le système nerveux central est en interaction permanente avec le tube digestif. Cette connexion est bidirectionnelle et se fait, avant tout, par les voies nerveuses sympathiques (nerfs splanchniques) et parasympathiques (nerfs vagues) du système nerveux autonome. D’ailleurs, 95% de la sérotonine est produite au niveau de l’intestin et prend part aux échanges entre le cerveau et l’intestin via le nerf vague.

Entre le cerveau et l’intestin, un troisième acteur s’est glissé : le microbiote intestinal qui prendrait part également à ce mystérieux dialogue.

Cette communication intestin/cerveau a conduit les chercheurs à s’intéresser aux liens possibles entre un déséquilibre au niveau du microbiote intestinal et certains troubles psychiques fréquemment rencontrés, comme le stress ou l’anxiété.

Première découverte : le microbiote intestinal semble avoir un effet modérateur sur la réponse au stress. Chez les souris axéniques (sans microbiote intestinal), une recherche a montré une hypersensibilité au stress avec une augmentation de la concentration sanguine d’une hormone liée au stress, la corticostérone, chez ces animaux. En corollaire, d’autres études ont montré que l’administration de bactéries probiotiques à des rats et des souris permettait d’atténuer la libération de corticostérone provoquée par des situations stressantes.

Des études ont également constaté des modifications de la composition du microbiote intestinal chez les rongeurs présentant un comportement dépressif.

Chez l’homme, la présence d’une dysbiose chez les patients dépressifs a également été examinée.

L’ensemble de ces recherches suggère que le microbiote intestinal joue un rôle sur nos comportements et notre réactivité émotionnelle.