Comment savons nous ce que nous savons ? E. Klein

Dans cette intervention E. Klein nous montre comment le pari de la physique est de nous expliquer le réel par l’impossible.

La loi d’Aristote sur la chute des corps s’appuie sur des faits empiriques et affirme qu’un corps tombe d’autant plus vite qu’il est plus massif. Tant que personne n’avait remis en cause cette loi elle était enseignée comme vraie pendant des siècles car c’est effectivement ce que l’on observe quand on regarde chuter un corps.  Galilée s’est posé la question suivante : cette loi est conforme aux faits observables mais est-elle vraie pour autant ?

Évidemment Galilée n’est jamais allé à Pise pour faire l’expérience qui aurait simplement confirmé l’observation :  il fait une expérience de pensée. Il va démontrer l’absurdité de la théorie d’Aristote et de ces implications pour montrer qu’elle est fausse malgré l’observation. L’expérience de Galilée contre dit ce que l’on voit en expliquant le réel par des lois physiques qui vont à l’inverse de ce que l’on observe. A l’époque les physiciens réagirent en expliquant que cette nouvelle loi énonçant que les objets tombent tous à la même vitesse était impossible car elle allait à l’encontre de l’observation laquelle ne pouvait être contre dite. Galilée est le premier à énoncer une loi physique qui contre dit l’observation, qui est contre-intuitive, une loi que l’on ne voit pas.

Certains faits observables sont mal interprétés et conduisent à des lois fausses si on s’en tient à ce que l’on observe. Pour progresser en science il nous faut donc énoncer des lois mathématiques et non plus se contenter de ce que l’on voit pour en déduire des lois universelles. L’utilité de l’impossible en physique est d’expliquer par des lois physiques le contraire de ce que l’on observe. Aujourd’hui encore il y a dans la démarche de la physique l’idée que les lois physiques sont parfois d’une telle étrangeté qu’elles paraissent fausses, impossibles :  la raison peut aller contre les faits observables.