Le langage totalitaire. B. Cyrulnik

Une théorie qui se prétend totalement explicative est une théorie totalitaire. Le langage est alors organisé autour d’une seule référence, qu’elle soit religieuse, laïque ou scientifique. Le chef, le penseur est la seule référence. Théorie du UN, il n’y a pas de place pour l’argumentation qui est aussitôt ressentie comme agressive ou blasphématoire. On assiste alors à une dérive du langage, simplifié, récité comme un slogan ou une publicité. Les mots, en changeant de sens ne désignent plus les mêmes choses. Ce langage est généralement très bien accueilli, car il donne des certitudes et une sensation d’évidence qui arrête la pensée. Entre un débat démocratique qui sème le doute et un langage totalitaire qui impose une vérité, où en est-on aujourd’hui ? Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et psychanalyste. Spécialiste d’éthologie, il s’est intéressé à la façon dont les êtres humains parvenaient à surmonter des traumatismes, et a popularisé la notion de « résilience ».